Rosa Lopez, 21 ans est créatrice de pochettes. Curieuse, méticuleuse et toujours à la recherche de nouvelles tendances, cette jeune femme de Ouistreham s’est lancée il y a peu dans la vente de ses créations « Made in France ». Elle développe aujourd’hui sa clientèle via Instagram. Elle comptait 800 abonnés au début, ils sont plus de 4750 aujourd’hui. Rencontre avec la créatrice de « l’Atelier de Rosa ».
Ameline Carnevale : Comment est née cette passion pour la création de pochettes ?
Rosa Lopez : J’ai passé un weekend en Bretagne avec des amis au mois d’Octobre 2014. En me promenant dans l’une des petites villes j’ai repéré de jolies housses de coussins pour ma chambre un peu flashy rose et blanc. J’ai totalement craqué dessus… Mais en voyant le prix exorbitant de ces housses, je me suis dis que j’allais me débrouiller pour les faires moi même, ce que je n’ai pas manqué de faire dès mon retour en Normandie.J’ai acheté le tissu, le fil et le patch thermocollant et je me suis mise à la machine à coudre avec l’aide de ma grand-mère. Je n’avais jamais touché à une aiguille de ma vie, c’était une première pour moi ! J’ai réalisé ces fameux coussins tant bien que mal. Ils étaient horribles et n’avaient pas de formes mais j’étais quand même satisfaite. Avec le tissu qu’il me restait j’ai décidé de faire des petites trousses que j’allais montrer aux clientes de ma maman, qui est coiffeuse. Elles ont beaucoup aimé et j’ai commencé à en faire plus ! Je suis passée petit à petit sur des plus grands formats. J’achetais de plus en plus de tissus, plus de coloris, de matières…
En les mettant sur Instagram j’ai vite remarqué que mes pochettes plaisaient à mes abonnées qui étaient pour la plupart des amies ou de la famille. Lorsque j’ai commencé, j’avais 800 abonnées. De ce fait, j’ai commencé à en vendre à des filles de ma région et de ma ville. Voilà le départ de mon aventure !
A.C : Comment vous est venue l’idée d’en faire un commerce ?
R.L : Mes pochettes plaisaient à mon entourage, à mes amies et à ma famille. Je suis une personne qui aime faire des projets et qui a de l’ambition. Je me suis mise à les commercialiser à petite échelle. Plus je postais des photos, plus j’avais de demandes. Les ventes ont donc commencé assez tôt.
A.C : En quoi vos pochettes se différencient de celles des autres créatrices que l’on peut également trouver sur internet ?
R.L : Ce serait orgueilleux de ma part de dire que mes pochettes sont « les meilleures » ou sont « uniques » car ce n’est pas le cas. Nous sommes énormément sur le marché à vendre nos créations, que ce soit notre métier ou une passion. Mes pochettes ne sont pas parfaites. J’ai débuté par de simples pochettes avec du simili cuir et une fermeture éclair. Aujourd’hui, je travaille également le véritable cuir. Elles sont toutes doublées, elles ont une insigne et un petit nœud pour finir le coté esthétique.Pour la pochette en elle-même, il n’y a rien de très original. De plus, je ne suis pas couturière. Je n’ai jamais pris de cours pour apprendre à coudre, je me suis débrouillée seule en apprenant de mes erreurs mais je suis fière de vendre des pochettes aussi bien finies qu’en boutique ! Je pense que ce qui me différencie des autres, c’est mon univers, ma façon de présenter mes créations, mes projets organisés, la façon dont j’implique mes abonnées et mes clientes.
De nos jours, les acheteuses ont des centaines de produits sur le marché, que ce soit du « made in France » ou du « made in China », il y a un large choix ! La différence se fait donc autre part ! Le produit seul ne compte plus, il faut un univers, une atmosphère, une image. Je pense que c’est l’ensemble qui fait qu’une personne a envie d’acheter ou non.
A.C : Sur vos dernières créations vous avez ajouté un petit morceau de tissu aux couleurs du drapeau Français. Pourquoi ce choix ?
R.L : Laisser partir ses créations sans de petits insignes qui rappellent le créateur, je n’en avais plus envie ! J’ai attendu un moment avant de trouver le petit « truc » qui allait faire rappeler à l’acheteuse « Ah oui c’est l’Atelier de Rosa ». Je ne souhaitais pas qu’il y ai d’étiquettes à l’intérieur des pochettes, cela me rappelle trop l’époque où ma maman me cousait mon nom dans mes vêtements pour ne pas que je les perde (rire). Je n’aimais pas non plus l’idée d’avoir une grosse étiquette avec mon logo sur le coté. J’avais envie de quelque chose de discret, de passe partout. Ce petit drapeau français représente le « made in France ». Je ne suis pas du tout dans l’image patriotique de « La France aux Français » non, pas du tout, bien au contraire ! J’aime énormément les différentes cultures. Leur mélange fait leur richesse. Mais je trouve cet insigne à la fois élégant et discret. Celà a plu à mes abonnées, alors je n’ai pas hésité à le garder.
A.C : Pensez-vous que la clientèle se tourne davantage vers vos créations car elles sont « Made in France » ?
R.L : Oui, j’en suis même persuadée. J’ai eu beaucoup de retours d’acheteuses qui m’ont confié le fait qu’elles souhaitaient acheter à des créateurs français plutôt qu’à une grande enseigne. Le retour au « made in France » dans n’importe quel domaine est très favorisé par les acheteurs, que ce soit dans la création de vêtements, d’accessoires ou de produits consommables.
A.C : Combien de temps est nécessaire pour fabriquer une pochette ?
R.L : Le temps de travail passé sur une pochette est variable selon le modèle. De la découpe aux finitions il faut bien compter entre 1h30 et 2h de travail. Je suis très méticuleuse presque maniaque, alors je veux que mes pochettes soient irréprochables même si de temps en temps j’ai quelques irrégularités qui font aussi le charme de mon travail. Le parfait n’existe pas ! Chaque détail me prend plus du temps : le rajout d’une chaine ou de franges par exemple. Mais ce qui me prend le plus de temps, c’est toute l’organisation autour de cette fabrication. Je dois chercher de nouveaux tissus, me déplacer pour l’acheter ou le commander, prendre les commandes des acheteuses, reprendre contact avec elles après la conception de leurs pochettes, prendre en compte leurs demandes, répondre aux mails, confirmer les envois, les réceptions, aller à la Poste pour les envoyer ou récupérer des colis… Je fais tout moi même. C’est toute cette intendance qui est très longue et souvent pesante et stressante. Mais cela fait partie de ma petite activité et je prends plaisir à le faire (sourire).
A.C : D’où vous vient l’inspiration pour le choix des couleurs, des tissus et des matières ?
R.L : Pour être franche avec vous, je ne suis pas une fan de mode, je ne regarde pas la Fashion Week et je ne vais pas au salon du cuir ou à la Cité de la Mode et du Design à Paris. Je m’inspire de ce que j’aime et de ce qui m’entoure : des peintures d’artistes qui sont un peu loufoques, des nuances de couleurs que l’on retrouve dans le ciel ou bien encore lorsque l’on mélange trois tubes de peintures dans de l’eau. Je me base sur des ressenties, des émotions, une atmosphère… Il faut que j’ai un coup de cœur pour un tissus sinon je n’arriverai pas à le travailler ou l’imaginer en créations. Lorsque je me rends à Paris, pour choisir des cuirs, je suis comme une enfant qui regarde des centaines de jouets mais qui ne sait pas lequel choisir. Je prends tous les tissus avec moi, je me mets dans un coin du magasin et j’élimine. Autant vous dire que ce n’est pas l’étape que je préfère (rire). En ce qui concerne les matières, je ne travaille que le cuir et le simili cuir. Je n’ai fais que quelques pochettes en tissu mais ce n’est pas ce que je préfère. J’aime cette odeur du cuir qui me rappelle mes années « équitation un jour, équitation toujours » où je passais ma vie à nettoyer ma selle ou tous mes filets à l’huile de pied de bœuf (rire). De plus, je trouve que le cuir est une matière noble, classe, féminine et élégante. Grâce à lui, je n’ai pas grand chose à faire pour créer une belle pochette. Je le travaille, je me bats avec lui (rire). Le cuir est épais à coudre, c’est un cauchemar.
A.C : Pouvez-vous nous en dire plus sur les prochaines « tendances » de pochettes pour cet été ?
R.L : Les pochettes à venir vont être colorées et avec des franges. J’aimerais trouver des cuirs flashy et de l’imprimé python rose, jaune, vert… Les tendances de cet été 2015 seront aux pochettes hippies avec des perles, des pompons de toutes les couleurs, mais également au kaki , aux denims , à la dentelle, au glitter and gold, au bleu marine, au tutu rose pâle à la Black Swan, au patchworks d’imprimés et de matières. On retrouvera également des plumes et des franges. Autant vous dire que j’ai le choix.
A.C : Est-il possible de personnaliser sa pochette (couleur, tissu, matière) ?
R.L : Etant en études, avec un petit job étudiant, j’ai peu de temps pour moi que je consacre à la réalisation de mes pochettes. Prendre en compte une demande particulière pour chaque commande serait juste impossible. Je n’ai pas de E-shop pour le moment, les filles me contactent par mail ce qui complique mon travail. Je propose des modèles de pochettes que les filles me commandent. Quand elles me demandent quelques changements de tailles je m’adapte dans la mesure du possible. Au niveau des matières, comme je l’ai dis, je n’ai que du cuir et simili cuir. Au niveau des couleurs, je propose des couleurs softs (noir, marron, bleu marine), du flash (or, argent), du coloré (rose, bleu turquoise, vert, bleu électrique) et du sauvage (léopard, zèbre). Les modèles plaisent beaucoup, ce qui me comble de joie. Je n’ai donc pas de changement spécial à effectuer pour les commandes. Petite nouveauté, il sera possible de graver un message ou des initiales sur sa pochette commandée. Une idée cadeau que je trouve très sympa et personnelle. C’est la petite nouveauté du printemps ! (sourire)
A.C : Quels tarifs pratiquez-vous ?
R.L : Cela varie selon les pochettes et les tissus. Les prix vont de 20 € à 50 €. Plus la pochette demande de temps de travail, de tissus, et de matériaux, plus elle sera chère. Le prix des pochettes fait main peut paraitre élevé si on le compare à des pochettes fabriquées à la chaine mais le temps de travail et l’investissement est tellement important que cela est mérité.
A.C : Vous créez des pochettes aussi bien pour la France que pour de nombreux pays étrangers. Ces pays représentent-ils une part importante de vos ventes ?
R.L : Non. Sur la totalité de mes ventes, les pays étrangers n’ont représenté qu’une dizaine de ventes.
A.C : Selon vous, la pochette est-elle devenue un indispensable « mode » que l’on doit avoir dans son dressing ?
R.L : J’en suis plus que certaine. Etant moi même une jeune femme, je ne sors jamais sans ma pochette. Qu’elle soit à ma main pour transporter le minimum vital que comporte une sortie ou cachée dans mon sac à main pour y mettre tout mon petit bazar de fille, elle ne me quitte jamais. Aujourd’hui, les jeunes femmes ou les filles souhaitent des petites pochettes qui claquent, que l’on change souvent. On peut passer de la gold « bling bling » à la noire chic qui passe partout. Chaque soirée, chaque sortie, chaque restaurant a SA pochette. Dans son dressing, les filles devraient avoir un tiroir spécial sacs et pochettes tout comme les chaussettes et les sous vêtements. Quelle injustice ! (rire)
A.C : Vous êtes actuellement étudiante en Art et Design Management. Quels sont vos projets ?
R.L : Mon objectif, à court terme est d’obtenir mon BTS en Management pour accéder à une licence qui me plaira davantage. J’ai quelques projets, notamment celui de « nouveau talent » dans une entreprise de prêt à porter en parallèle de mes études qui m’ouvrira, je l’espère, de nombreuses portes dans le domaine de la communication, du design, du visuel et du marketing. Mais rien de concret encore, ce ne sont que des projets. Avant de me lancer dans cette aventure de création de pochettes, j’étais perdue dans mon orientation professionnelle. Je ne me sentais ni aidée ni guidée dans une voie qui pourrait me plaire. En me lançant dans ce mini projet, j’ai découvert des facettes de ma personnalité et de mes goûts qui m’ont orienté dans mes choix d’études. Grâce au concept « l’Atelier de Rosa », j’ai pu rencontrer des personnes, avoir accès à des avantages, me voir proposer des projets alors j’en suis très contente (sourire).
A.C : Vous vendez sur une boutique en ligne. Aimeriez-vous ouvrir votre propre boutique ?
R.L : Je n’ai pas encore d’E-shop ni de boutique en ligne mais c’est en construction. A l’heure actuelle, je ne me vois pas ouvrir ma boutique, je me sens trop jeune encore, mon projet est jeune lui aussi. Je suis seule à fabriquer les pochettes. J’ai eu l’aide de ma grand-mère, mais pour ouvrir une boutique il me faudrait des petites mains pour m’aider. De plus, je suis en étude, alors tenir une boutique serait bien trop compliqué, ce n’est pas en projet. En revanche, organiser une journée « Vide dressing » pour vendre mes pochettes, ça c’est une idée.